Le bœuf de boucherie
et la production de gaz à effet de serre
- le récent rapport des Nations Unies abaisse la contribution
du secteur bovin de 22 %
En quoi consistent les gaz à effet de serre?
Le rayonnement solaire fournit la majeure partie de l'énergie thermique qui réchauffe la Terre. Une partie de ce rayonnement est réfléchie par l'atmosphère, une petite quantité est absorbée directement par l'atmosphère et le reste frappe la surface de la Terre. Une partie de ce rayonnement incident est absorbée par la Terre, puis réémise dans l'atmosphère, sous une forme qui peut être absorbée par les gaz atmosphériques tels que la vapeur d'eau, le dioxyde de carbone et le méthane. Ces gaz, libèrent à leur tour de l'énergie dans l'atmosphère, permettant de réchauffer la planète. Les gaz impliqués sont appelés les « gaz à effet de serre » (GES). Bien que l'effet de serre soit un phénomène naturel, l'activité humaine a augmenté les niveaux de certains GES bien au-dessus des niveaux historiques, ce qui provoque un réchauffement significatif à l'échelle mondiale.
Le rapport de la FAO de 2006
En 2006, l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) a publié un rapport dans lequel elle évalue le rôle du secteur de l'élevage dans la production des gaz à effet de serre (GES). Ce rapport est intitulé « L'ombre portée de l'élevage »1. Le rapport de la FAO a conclu que le secteur de l'élevage était responsable de 18 % de toutes les émissions de GES liées à l'activité humaine. Cette conclusion a suscité beaucoup de mauvaises presses pour le bétail, et en particulier pour le secteur des bovins de boucherie. Toutefois, lorsque des scientifiques indépendants ont examiné le rapport, plusieurs ont contesté à la fois la méthodologie employée et les conclusions. Par exemple, le docteur Frank Mitloenher de l'Université de California-Davis a déclaré que lorsqu'on tenait compte uniquement des GES émis par l'élevage bovin et porcin des États-Unis, le taux d'émission serait d'environ 3 % de toutes les émissions à effet de serre. Il est donc important de prendre connaissance des résumés opérationnels de ces rapports pour comprendre pleinement leurs implications.
Comment des conclusions aussi différentes ont-elles pu être tirées des mêmes données? Pour parvenir à leurs conclusions en ce qui concerne le secteur de l'élevage, la FAO avait inclus un certain nombre de sources d'émissions de GES qui n'étaient pas directement liées aux animaux, comme le défrichement des terres forestières en Amérique du Sud à des fins de production agricole, la transformation de la viande et le transport des produits aux consommateurs. Bien que tous ces éléments soient des sources importantes d'émissions de GES, nous devons être prudents, et comprendre comment elles ont été attribuées. Par exemple, à mesure que la population humaine va augmenter, la conversion des terres forestières en terres agricoles va se poursuivre, que ce soit pour produire des cultures directement destinées à l'alimentation humaine ou indirectement en alimentant des élevages au préalable. Par ailleurs, les systèmes de production varient considérablement en fonction de la région du monde qui est considérée. Nous devons donc également examiner les résultats du point de vue du système de production nord-américain, afin de comprendre leur pertinence dans nos conditions.
Le rapport de la FAO de 2013
La FAO a publié un nouveau rapport sur la contribution de l'élevage aux émissions des GES, intitulé « Lutter contre le changement climatique grâce à l'élevage »2. Ce rapport s'inscrit dans la méthodologie de l'attribution d'un large éventail d'émissions de GES pour la production animale. Dans ce rapport, la contribution du secteur de l'élevage dans les émissions totales de GES d'origine humaine est évaluée à 14,5 %, ce qui représente une baisse d'environ 20 % par rapport à l'évaluation de 2006. Bien qu'il s'agisse d'une très bonne nouvelle, nous devons quand même examiner les données de plus près et comprendre d'où cette conclusion vient et comment elle s'applique à nous.
Les bovins sont une composante importante de la production totale des émissions de GES du bétail, principalement en raison de la quantité de méthane produite par l'activité microbienne dans le rumen. Le modèle de la FAO estime que, sur une base mondiale, les bovins de boucherie représentent 41 % des émissions totales produites par le bétail, et les bovins laitiers 20 %.
Les sources de GES des bovins de boucherie
Les principaux GES associés au bétail sont le méthane, le dioxyde de carbone et l'oxyde nitreux. La contribution relative des divers aspects de la production bovine à l'échelle mondiale est présentée au tableau 1. La principale source d'émissions est le rumen, où l'activité microbienne produit du méthane, suivie par les émissions provenant du fumier. La conversion des forêts en pâturages concerne seulement l'Amérique latine et a lieu principalement au Brésil. Il est important de noter que la composante de la conversion des terres du modèle de la FAO est assez faible, avec un intervalle de confiance de 95 % pour l'effet d'une fourchette de plus ou moins 50 %.
Rang
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Source
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Proportion des émissions totales
|
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1
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Entérique (rumen)
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43 %
|
2
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Fumier (épandu et déposé)
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18 %
|
3
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Conversion de forêts en pâturages
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15 %
|
4
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Aliment pour bétail
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10 %
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5
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Résidus d'engrais et de récoltes
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7 %
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6
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Gestion du fumier
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5 %
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7
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Utilisation d'énergie + hors ferme
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1, 5 %
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Différences selon les systèmes de production et les régions
Le rapport de la FAO a examiné les différences quant aux émissions de GES entre deux différents systèmes de production et dans différentes régions du monde. Comme le type de système utilisé dépend en partie du climat, les régions et les systèmes ont tendance à être liés. La comparaison est basée sur l'intensité des émissions, mesurée en kg équivalent CO2 produit par kg de poids carcasse. Une sélection des résultats par région est présentée au tableau 2.
Il y a une grande variation entre les régions pour ce qui est de l'intensité des émissions. Par exemple, en Amérique latine, la production de viande émet 72 kg d'équivalent CO2 par kg de poids carcasse, tandis qu'en Amérique du Nord, ce nombre est de 40 % inférieur. Une partie de cette différence est due à l'efficacité des systèmes de production animale. Par exemple, les systèmes où les vaches sont capables de sevrer un veau par année émettent moins de GES par unité de production que ceux où les vaches produisent un veau tous les 3 ans. Une autre partie de cette différence est due au degré d'utilisation des prairies dans la production. En général, les systèmes plus extensifs se sont révélés à produire plus de GES par unité de production que les systèmes intensifs. Cependant, il s'agit là d'un autre point faible dans le modèle de la FAO, où les scientifiques ne s'entendent pas sur l'impact de référence des émissions de GES attribuables à la production des prairies, de sorte qu'il a été omis des calculs. C'est une question importante, car certains considèrent que les prairies agissent comme un « puits » (absorbent et stockent) pour le CO2.
Région | Kg équiv. CO2*- émission par kg de poids carcasse* |
---|---|
Asie du Sud |
75
|
Amérique latine |
72
|
Afrique subsaharienne |
71
|
Amérique du Nord |
29
|
Océanie |
26
|
Europe de l'Ouest |
18
|
*Équivalent de dioxyde de carbone
Possibilités d'atténuation des GES dans la production du bœuf de boucherie
Le rapport de la FAO a trouvé qu'il y avait une grande variation dans l'intensité des émissions de GES à l'intérieur d'un système de production et d'une région, de sorte que de nombreuses améliorations peuvent être apportées à ces systèmes plutôt que de changer de systèmes. En effet, la variation à l'intérieur d'un système de production était presque aussi grande que celle entre les systèmes. Il y avait une différence représentant environ 4 fois l'intensité des émissions entre la tranche supérieure de 10 % des producteurs et la tranche inférieure de 10 % des producteurs au sein d'un système.
Le rapport s'est basé sur cette information pour prédire que si tous les producteurs dans un même système de production ou dans une même région adoptaient les pratiques exemplaires des 25 % supérieurs, l'intensité des émissions de GES pourrait être réduite de 18 %. Et si tous adoptaient les pratiques des 10 % supérieurs, l'intensité des émissions de GES pourrait être réduite de 30 %.
Références
1 FAO. 2006. L'ombre portée de l'élevage - impacts environnementaux et options pour leur atténuation, de H. Steinfeld, P. J. Gerber, T. Wassenaar, V. Castel, M. Rosales & C. de Haan., Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), Rome.
2 FAO 2013. Lutter contre le changement climatique grâce à l'élevage : une évaluation globale des émissions et des possibilités d'atténuation, Gerber, P.J., Steinfeld, H., Henderson, B., Mottet, A., Opio, C., Dijkman, J., Falcucci, A. & Tempio, G., Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), Rome.
Pour plus de renseignements :
Sans frais : 1 877 424-1300
Local : 519 826-4047
Courriel : ag.info.omafra@ontario.ca
Auteur : |
Tom Hamilton - Chargé de programme, systèmes de production bovine de boucherie / MAAO et MAR |
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Date de création : | 28 octobre 2013 |
Dernière révision : | 28 octobre 2013 |